RISQUES D’INONDATION MAJEURE DE NOUAKCHOTT ET IMPACTS ASSOCIES

02/11/2015

Résumé exécutif

Les inondations  observées à Nouakchott en Septembre 2013, aussi spectaculaires qu’elles soient, sont moins dues à une pluviométrie exceptionnelle qu’à une combinaison de facteurs désormais récurrents. En effet, avec ou sans les changements climatiques, la ville de Nouakchott est menacée par des risques d’inondation, ou plutôt de submersion  majeure, en raison du cumul de facteurs naturels (fragilité du cordon dunaire littoral, faible dénivellation du terrain, présence de sols de sebkhas), et d’activités anthropogéniques diverses (urbanisation mal planifiée, construction d’infrastructures, destruction du couvert végétal, extraction de matériaux). S’y ajoute les conséquences inattendues du projet d’approvisionnement en eau, dit Aftout es Saheli qui, en triplant les quantités d’eau accessibles aux ménages, a, en raison de l’absence d’un système d’égout, accru d’autant le volume d’eau évacuée vers la nappe souterraine –déjà affleurante- par le truchement des fausses sceptiques et des puits perdus.

En cas d’intrusion d’eau de la mer, près de 30 % de la ville se retrouverait sous les eaux dans une ampleur sans commune mesure avec les eaux stagnantes observées en septembre dernier. Près de 300.000 personnes seraient directement affectées, avec des risques élevés de pertes en vies humaines. Les ports et aéroports de Nouakchott, près de 200 km de routes bitumées, et de multiples infrastructures publiques, tels que des centres de santé dont les plus grands hôpitaux, universités et écoles (la liste est non exhaustive), seront détruits. Les pertes économiques pourraient atteindre l’équivalent de sept (7) milliards de dollars américains.

Quoique le scénario d’une catastrophe d’une telle ampleur ne soit pas souhaitable, il n’est pas improbable. Les services de protection civile  seraient incapables de faire face à l’énormité d’une telle calamité. Les réactions des populations, ni bien informées, ni préparées à un tel désastre, seraient chaotiques, accroîssant ainsi les risques de perte. L’organisation des évacuations serait improvisée. Les secours extérieurs auraient d’autant plus du mal à répondre que les infrastructures majeurs -port, aéroport et principaux hôpitaux-  seraient inopérationnels.

Or, en matière de prévention des catastrophes naturelles, il n’y a guère de place à la fatalité ou à l’improvisation. Il faut une bonne préparation et une anticipation suffisantes.  Les images de quartiers submergés et les drames subséquents des inondations de septembre 2013 devraient servir au moins à augmenter la prise de conscience d’une telle nécessité d’anticipation sur une gamme de catastrophes naturelles dont certaines pourraient être d’ampleur majeure.

Les mesures suivantes sont recommandées, pour prévenir des risques de grande ampleur :

  1. Créer une Haute Autorité du Littoral, rendant compte directement au Chef de l’Etat, ayant pour mission exclusive l’aménagement et la protection du littoral mauritanien et jouissant d’une capacité d’action et d’un cadre réglementaire opérationnel. Elle aura en charge, entre autres, la mise en œuvre des actions de protection et de veille littorale proposées, ainsi que des Directives d’Aménagement du Littoral prévues dans le cadre du Plan Directeur d’Aménagement du Littoral Mauritanien.
  2. Mettre en place un système adéquat d’assainissement des eaux usées et d’évacuation des eaux pluviales ou marines, avec priorité aux secteurs inondables. La mise en place d’un tel système sera certes onéreuse mais elle est à mettre en balance avec le coût de l’inaction et des pertes humaines et matérielles mentionnées plus haut.
  3. Réaliser des travaux de confortement du cordon littoral et mettre en œuvre des mesures d’accompagnement (respect de l’interdiction des prélèvements du sable, aménagement des accès à la plage, limitation du piétinement de la dune, surveillance). Ces travaux se baseront essentiellement sur des techniques biologiques (revégétalisation) ou mécaniques (clayonnage) de fixation du cordon dunaire littoral et de colmatage des brèches. Un tel programme a été évalué à un investissement initial de 2 millions d’euros.
  4. Maîtriser l’occupation du sol à travers une interdiction de l’urbanisation dans les zones sensibles (cordon littoral et zones inondables de Nouakchott). Des mesures de relocalisation de certaines zones des quartiers les plus vulnérables seraient indispensables.
  5. Optimiser une solution pour la sauvegarde du Port de l’Amitié qui tient compte des risques élevés d’inondation au sud de celui-ci. Une telle solution devrait être mise en place avant que toutes réalisations d’autres travaux perturbateurs de l’équilibre hydro-sédimentaire ne soient faites en complément des ouvrages existants. Une solution du type by-passing du sable accumulé est recommandable dans le cas du port de l’Amitié. Elle permet à la fois de réduire l’ensablement au nord de l’ouvrage et l’érosion au sud de celui-ci. Le coût d’une telle opération a été évalué entre 20 à 60 millions d’euros.
  6. Actualiser et mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, un programme national de gestion des catastrophes naturelles. Celui-ci inclura, en plus du renforcement substantiel des services de protection civile, la préparation –et l’activation d’un plan ORSEC, la mise en place de systèmes d’alertes précoces et une large campagne d’information et de formation des populations pour les préparer à réagir en cas d’inondations ou d’intrusion de l’eau de mer.

Pour le CCME,

Ahmed SENHOURY, Ibrahim THIAW, Demba MARICO,[1]

Experts indépendants

[1] (i) M. Ahmed Ould Senhoury est Directeur du Partenariat Régional Côtier et Marin en Afrique de l’Ouest – PRCM, Nouakchott Mauritanie;  (ii) M. Ibrahim Thiaw est Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Kenya. (iii) M. Demba Marico est Chargé de Programme, Conseiller Sénior à la GIZ, Mauritanie.

Cette note n’engage pas les institutions  des trois auteurs.

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Note technique-risques inondation NKC

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